note de programme

Commande de la Philharmonie de Paris, Alain Collas avec le soutien de la Fondation Francis et Mica Salabert

En lisant les Carnets de conversation de Beethoven - recueil de bribes de dialogues et de notes contemporaines de l’écriture des Bagatelles, grâce auxquelles, devenu sourd, il conversait avec ses visiteurs - je tombe à plusieurs reprise sur cette poétique et étrange indication : « Papier brouillard ».

Il s’agit de filtres à café —café ô combien important pour lui ! — qu’il mentionnait parmi une liste de denrées à acheter. Le suc des Bagatelles, ces« petites choses » sorties de la plume du quotidien, est celui, dense et simple, des pages d’un journal intime.

« Papier Brouillard » se situe entre les deux plus brèves pages de l’opus 119, après la plus chopinienne des Bagatelles : une valse légère que pimente une expressive sixte napolitaine. J’ai passé cette valse au travers d’un « papier brouillard », et, une fois filtrée, apparut cette évaporation dansée.